PLEURE ô Cabris, mon village bien aimé

Sur un piton rocheux à 55Om d’altitude, entre ciel, terre et mer, Cabris est un village de 1500 habitants. Depuis de millénaires, il porte les traces de son passé. A juste titre, fier de sa position dans l’espace, Cabris peut aussi être fier de son histoire, trop souvent hélas oubliée.
Mais, avec un tel patrimoine spatial et historique, mon village ne parvient pas à entrer dans le troisième millénaire. Ancré dans le pays de Grasse historique, désormais relevant de la communauté du pays de Grasse, il cherche son identité sa fierté. Plus encore, l’énergie pour devenir.
Entre le village intra muros, divers quartiers et des populations hétérogènes.
Dans cette communauté agglomération, le risque est croissant de disparation et d’être réduit à un quartier résidentiel chic sans doute, mais sans adhésion forte à la spécificité du village, sans adhésion collégiale à une identité forte.
Les habitants ont dû revoter pour le conseil municipal. Une occasion unique pour un projet collectif partagé. Deux listes. Mais une campagne médiocre, des actes délétères et d’autres bien peu nobles qui laisseront des traces.
Le résultat est connu depuis hier soir.
Liste antérieurement en place 12 sièges.
Nouvelle liste 3 sièges
Sur 1251 inscrits, 704 votants; une abstention supplémentaire de 125 inscrits par rapport à l’élection précédente.

Pour chaque liste, des candidats de qualité; mais panachage interdit.
Pour 400 voix 12 sièges
Pour 271 voix 3 sièges !
Quel étrange répartition des voix !
A l’évidence, la nouvelle liste était particulièrement sensible au vivre ensemble, à l’identité du village.
Beaucoup de ses idées sont nécessaires pour le devenir du village.

Un rêve: que les deux listes travaillent ensemble avec intelligence. Plus, que les trois élus disposent d’un adjoint. Plus encore que des deux programmes surgissent une synthèse !
Alors le maire s’honorerait et honorerait le village. Sa mémoire serait à jamais vivante !

Utopique? Non avec des personnes sachant écouter et dont la visée est avant tout le bien commun.

Comment ne pas mettre en valeur cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry ?
Faites que le rêve dévore votre vie afin que votre vie ne dévore pas votre rêve !

Hélas, tous les indices montrent que c’est le contraire qui est le plus probable.

CERTES
*Pour les finances, il y aura de moins en moins de subventions diverses, une demande plus forte de stabiliser les impôts voire même, comme un village voisin, de réduire de 15°/° la taxe d’habitation pour les résidences principales.
*Pour l’école, après hélas l’abandon d’une nouvelle école jouant aussi un rôle d’inter face pour les générations, il devra y avoir consensus.
*Pour engager un renouveau économique et social le travail de chacun sera nécessaire.
*Pour s’opposer à  des opérations immobilières mutilantes,  la population devra faire face.

ET POUR LE RESTE ?
Comment faire plus et mieux avec moins ? L’apport de travail de la population sera comme autrefois indispensable.

CABRIS est en danger !
Demain le «maire» ne sera que l’adjoint du président de la communauté d’agglomération !
Demain, sans identité forte, du statut de marquisat Cabris aura celui de vassal.
Demain, résidence de nantis oubliant son patrimoine, on ajoutera peut être un héliport.
Demain, que restera-il de ce lieu ?

Oui pleure ô Cabris , mon village bien aimé !
Sans un sursaut de la population et pour cela d’abord sans le courage d’une minorité, vient de façon rampante, sournoise le temps de la déchéance.

De ma maison, à la fois phare sur la méditerranée et monastère,  je pleure, pressentant le danger.

En ce début d’automne, je confie aux étoiles mon espoir.

Même en désespérance, l’espoir est là encore. Dans la nuit, il râle.
Je vais vers lui.
il me confie une esquisse  d’agir.
Je lui réponds que seul, c’est une mission impossible.
Il me répond: Regarde sois tenace… un vivre ensemble va resurgir et se propager.
Sois seulement disponible.
Il y a plus d’habitants que tu ne crois qui partage ta vision.
Ce sont initialement des minorités qui transforment le monde et l’humanise.

Michel Bernard. Cabris.06/10/2014