Lettre de mon village 10


Cabris / mardi, juin 30th, 2020

Cher ami,

En France, lentement nous sortons de la pandémie. De façon oh! combien différente entre un village comme Cabris et une grande ville ! Cette sortie est comme la marée, un retrait qui dévoile plus nettement ce que l’on ne voyait plus. Désormais, ce dévoilement, notre lucidité, notre courage vont décider de la transformation, de notre transformation -littéralement au delà la forme habituelle.

Dans ce contexte, il y a par le recours au télétravail en économie et en
enseignement par exemple une invitation à repenser le rapport distanciel et présentiel.

Le présentiel est questionné. Son usage est mis en cause. Son utilité si provoquée que certains envisagent dans bien des cas sa disparition.

Comment ne pas repenser à l’ouvrage que j’ai écrit en 1999 : Penser la mise à distance en formation. Certes maintenant, j’irais plus loin et plus profondément.

Mais déjà, mon analyse reposait sur trois idées-forces :
1- Il y a la distance spatiale et la distance psychologique ; aucune réflexion sur le distanciel ne peut faire l’économie de ce discernement et plus profondément d’explorer ce mot de distance. Il en est de même pour la présence et le présentiel.
2- Seule une approche hybride permet une renaissance.
3- Il y a des situations où le distanciel est faible. Il y en a d’autres où il est
possiblement important.

L’un des effets de cette pandémie dans un pays comme la France est de
questionner en profondeur ce rapport distanciel-présentiel et de décider de
« nouveaux agirs ». Il peut en résulter un renouveau y compris à l’université. Mais avec lucidité et prudence. Certains par exemple contestent l’utilité de la soutenance du doctorat en présentiel. C’est oublier l’axe vertical et de la distance et de la présence.
Questionner et repenser notre présence. Quel défi ! En tout dans notre vie, notre quotidien. En cela, des auteurs comme Louis Lavelle sont quasi oubliés. Pour affronter les enjeux du monde nouveau (et non du nouveau monde), nous avons à notre disposition tant de richesses en particulier dans des auteurs du siècle précédent, mais pas seulement.

Ainsi, repenser notre espace et le temps : une condition pour exister mieux et plus intensément.
Vois-tu, j’ai été obligé de quitter une très belle maison pour l’Olivance, modeste, mais si porteur de calme de beauté et de contemplation. Là, je deviens jardinier.

Pour naître à nous même, la fragilité, la vulnérabilité sont des forces.
Chaque être, là où il réside, par son parcours, produit une œuvre unique. C’est pourquoi à partir de novembre, après l’ouvrage en cours, je partirai dans les campagnes à la recherche d’êtres en simplicité pour les connaitre, les honorer et les faire connaitre.

Le singulier, l’unicité portent de l’universel.

Et toi, comment vas-tu ? Ton projet de parrainer des enfants est très beau. Je vais y participer. J’admire tes projets de voyage. Dès que possible, je veux voyager plus.

Avec mon amitié si vivante,
Michel. 06 2020 . N° 10

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