Chemin faisant N°3 NOVEMBRE 2016


Chemin faisant / mardi, novembre 1st, 2016

Une réflexion sur la vie, sur notre vie Du XXIe SIÈCLE.

Bientôt 17 ans que nous sommes dans ce nouveau siècle. Qu’est il? Que sera-t-il? Délaissant les travaux sur le futur dont la prospective, je voudrais vous confier mon ressenti, moi dont la vie sera incarnée avant tout dans le XXe siècle. J’écris d’abord pour mes enfants, petits enfants et arrières petits enfants.(1) Je l’écris pour mes amis. Je l’écris pour moi car par l’écrit l’exploration sera plus approfondie. Je l’écris pour vous qui lirez ce texte sans nous connaître.(2).

Ce XXIe reçoit une part de l’héritage de l’histoire du monde et plus précisément du XXe siècle. Il convient de le contextualiser. Puis, il y a conséquences, prolongements et faits nouveaux. Enfin, d’une vision inévitablement subjective, sera mis en valeur CINQ recommandations pour ce XXIe siècle.

Explorations

Je privilégie NEUF entrées pour mieux comprendre notre époque.

1- Le socio économique

Sous couvert de socio-économique, il y a en particulier la démographie, le travail, le logement, l’eau , l’électricité, les guerres, les immigrations, les violences, l’argent, le vivre ensemble, les médias.

2- La technologie

Depuis le début de l’humanité, la technologie ne cesse de progresser. Le rythme actuel dans tous les les domaines, les questions posées sont sans précédent. Entre apports positifs et destructions, elle avance, envahit et interroge. Jusqu’où déléguer? Qui régule et contrôle qui? Pour quelles finalités?

3- Le vivant

Réparer, améliorer, transformer voire muter. De la naissance à la mort , le vivant en tout est concerné. Là aussi comme jamais. Entre apprentissage de sorcier et apprentissage de création, les oscillations incertaines génèrent plus d’inquiétude, voire de désespoir que d’espoir..

4- L’individu

Bousculé, égaré, écartelé, cherchant du sens, il semble traverser une subjectivité molle, un individualiste sans issue. Déliance, égoïsme, domination, servitude, barbarie caractérisent les situations. Mais aussi des micros renaissances.

5- Les institutions

Enseignement, universités, santé, justice, églises paraissent se déliter, se décomposer, s’écrouler.

6- La nature

Bien plus que la domination il y a saccage, pillage, mutilation, destruction. La prise de conscience profonde de l’écologie est lente,très lente, trop lente.

7- L’humanité

La démographie est un élément majeur. De même les traces du passé. Faim, pauvretés, inégalités, conditions de vie, crimes –celui des enfants me révolte–, guerres sans fin, drogues, violences, haines, y compris dans les familles, sont telles que cela ne peut durer.

Si la globalisation est relativement terminée pour la terre, la mondialisation s’amplifie. Les migrations politico-économiques, pour fuir les guerres, pour des conséquences climatiques, pour travailler et vivre mieux ne sont plus régulées. Mare nostrum devient un cimetière.

Il y a souci croissant d’une autre mondialisation.

Désormais, émergent des revendications fondées et de plus en plus fortes. Et Il n’y a indépendance que dans l’interdépendance. Jamais les murs n’ont été aussi nombreux, là où seuls des ponts ont sens. Mais des murs sont confortés, d’autres surgissent.

8-Le politique

La politique tue le politique. La démocratie formelle est questionnée de plus en plus. Les abus de pouvoir, les corruptions de toutes sortes sont insupportables .La démocratie dans ses formes actuelles est rejetée.(3)

9- Autorité, sens et sacré. Éducation

L’autorité n’est pas le pouvoir. l’autorité n’est pas qu’une affaire de compétences. Elle exige témoignage, des qualités d’être.

Cela à tous les niveaux.

La question du sens est plus que jamais posée. Elle dépasse les religions .Le sens comme direction, comme bon sens, comme ce qui permet de vivre et de produire sa vie et se produire.

Le sacré est fondement. Il ne peut être bafoué, évacué. Il demande à être revisiter, refonder

L’éducation de tout l’être tout au long de la vie avec ses apprentissages de base,  jamais pleinement atteints, constitue l’un des fondements pour concevoir une nouvelle voie. Et cependant, que de refus, de rejets!

Pour le présent et le futur, les positions oscillent entre un pessimiste démesuré et un optimiste béat .Une position plus lucide est celle d’un optimiste de résistance et de création.

Selon moi, il convient d’être éveillé avec discernement, attentif à la complexité, soucieux de l’incertitude, ouvert à l’inattendu.

Il y a ET des évolutions négatives voire destructrices Et des évolutions positives voire créatrices.

La peur, les peurs oh combien respectables ne peuvent fonder la renaissance.

Pour vivre dans ce XXIe siècle, je privilégie CINQ recommandations.

1- Ces neuf explorations sont interdépendantes. Les isoler les unes des d’autres n’a pas sens. Penser global, autrement, pour agir autrement. C’est là une condition pour ouvrir une voie nouvelle, personnelle, collective et humaine. Pour cela l’enseignement et la formation, les diplômes actuels ne peuvent suffire. Alors où avec qui ? La famille est d’abord concernée. Mais dans la société, chacun est concerné comme éduquant et comme éduqué tout au long de sa vie. Le quotidien porte des rencontres, des situations pour cela. Mais sommes-nous assez disponibles, lucides?

2-Deux dangers selon moi majeurs en plus des guerres, des violences et des haines. D’abord celle d’une dictature invisible rampante. Elle est nommée parfois Big Mother et est plus terrifiante que Big Brother. L’autre est le vivant. Comment ne pas se réjouir de tout ce qui contribue à la santé, à la joie de vivre? Mais comment aussi ne pas appréhender ce qui peut faire échouer l’aventure humaine?

3- Un vaste chantier est ouvert. Il est celui d’une nouvelle renaissance. Une renaissance profonde qui implique des effondrements, des turbulences, des disparitions et des créations. Cela à tous les niveaux. Oui, le XXIe siècle sera ou ne sera pas celui de cette renaissance jusqu’alors unique dans l’histoire. Rien n’est sûr. Les murs, les rejets, la surprotection de certains contre tous les autres pour se protéger, pour se sécuriser et les autres, la majorité laissée en abandon. Cela prend différentes formes dans le monde.

4-Il y a le micro, le méso et le macro

Le temps des révolutions semble terminé. Le temps de la résistance et de la création s’amplifie. Mais le temps est compté. Cette question de temps, est fondamentale pour l’humanité. Entre l’éphémère et l’urgent, repenser le temps de vie.

Que faire pour le macro? Si peu pour l »instant semble-t-il. Mais il reste des entrées à trouver, à explorer, à investir.

Que faire pour le méso ? Il est d’abord pluriel. Couple, famille, amis, lieu de vie, relais vers la nation et au delà. Un vaste domaine où les initiatives ne cessent de s’intensifier. Vivre autrement, mieux et plus longtemps. Agir autrement. Soucieux de fraternité.

Que faire pour le micro? Pour soi, voilà je crois le grand défi du XXIe siècle.

Jamais à ce point, la personne n’avait été provoquée, sollicitée pour s’engager pour sa vie, pour la vie. Corps, cœur, esprit, intelligences, sens sont concernés. De façon indissociable.

5-La vie pour la vie et non la vie pour la mort absurde. Celle des guerres, des violence, des haines, des nantis, des puissants incapables d’autorité. Selon moi, alors, la question de l’au delà est secondaire. Ou il y a un au delà et quel risque pour celui qui vit en humanité? Ou il n’y en a pas.

Le XXIe siècle prolongera les autres. Mais avec intensité, turbulences, tourmentes .La peur, le désespoir s’amplifieront. Mais aussi les micro renaissances.

Ce qui apparaissait encore improbable devient réalité.(4)

Le XXIe siècle aura pour enjeu une profonde renaissance. Rien n’est acquis. Tout est à construire.

Une aventure passionnante accompagnée de dangers, d’incertitudes sans précédents.

Vient le temps d’une religion de l’humanité réunissant toutes les spiritualités.

Vient le temps de la vie en soi, pour soi, avec l’autre, avec les autres. Un horizon nouveau pour cheminer.

Vient le temps de défis, des audaces pour la VIE.

Ceux qui vont quitter ce siècle sont invités à être des passeurs, des témoins, des guides. Et ainsi, à esquisser aussi un nouveau cap pour l’humanité.

Ceux qui vont le traverser disposent d’ un chantier unique. Là où il y a volonté, courage et AMOUR ( ce mot si porteur aussi de sens, de sacré) il y a un chemin. Un chemin qui dépassera le passé mais sans le renier.

Pour tous, pour chacun, complexité, complicité, convivialité, connaissance, esprit de recherche, simplicité .pour repenser la vie, le vivant, la création et l’art comme façon d’exister dans le beau, le solidaire et le sacré.

Ou une profonde renaissance comme jamais;ou l’échec de l’humanité?

Être présent au présent comme présent.

Michel Bernard. Novembre 2016

Notes

1-Propositions de travail. Avoir un enfant a 30ans et une durée de vie 90 ans

Alors ma dernière fille aurait un enfant en 2028 et partirait en 2088

Son enfant aurait un enfant en 2058 et partirait en 2118

Cet enfant aurait un enfant en 2088 qui partirait en 2178

Il y aura alors encore quelques traces de moi?

Je laisse à mes petits enfants et à leurs enfants un texte .

2-Sur ce thème du XXIe siècle, notre pensée évolue chaque jour en résonance à notre vécu, à celui du monde. Tout texte exprime une étape.

3-Alors que j’écris ce texte, un nouveau président aux États Unis est choisi par une procédure de démocratie. Il surprend. Comment un tel homme peut parvenir à ce poste? Une pluralité de causes cumulées. Mais en particulier je pense est le rejet des partis traditionnels (bien qu’arrivant sous un parti) la peur, le désespoir, la fuite vers une évolution incertaine et a priori pleine de dangers. Un séisme politique. Inévitable? Un passage pour aller où? Pour le monde, des effets d’onde bien peu prévisibles.

4- Notre monde semble oublier tout ce qui aussi évolue positivement. Il y a là une réflexion en soi à engager. L’improbable, l’inattendu n’ont pas fini de nous surprendre.
La reconnaissance enfin significative de la femme. Le respect et l’écoute de la nature, de toute la nature. Au delà de l’occident, les apports du monde, des cultures. L’art – façon d’être – pour chacun. Au delà, les savoirs, la connaissance. Et plus que jamais, l’ AMOUR .

OUI, Il n’y a pas que l’Europe, l’occident, il y a le monde. Cependant, venu de l’Océan Atlantique d’où sont parti bien des explorations, j’ai désormais devant moi MARE NOSTRUM. Il est temps de ré-explorer ce qu’elle porte pour notre devenir. Au delà du cimetière provisoire. Des ponts entre des rives différentes mais convergentes. Selon moi, pour tous les continents, là se joue toujours notre devenir. Mon village entre ciel, mer et terre a accueilli A.Gide, A. de Saint-Exupéry, sa mère, G. Friedmann et tant d’auteurs d’artistes . C’est ici que je vis. C’est là que je suis dans le monde.

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