Lettres de mon village 7


Cabris / mercredi, décembre 25th, 2019

Cher ami

Merci de tes vœux dont la formulation et le sens m’ont beaucoup touché. 20 est un chiffre très positif dit-on. Alors deux fois 20 !!

Je rentre, comme chaque soir, de marcher sur le chemin qui longe l’Olivance.
Quelle beauté sur la terre comme au ciel! Le terre regorge d’eau. Et les canaux naturels qui descendent de la colline chantent la vie. Cette eau qui sera un enjeu majeur du XXIème siècle.

Chaque soir, le coucher du soleil est unique. Quelle merveille !

On peut voyager chez soi : livres, musiques, télévision, films, internet, que de ressources ! Ce jour de petits voyages je garde deux idées forces.

La première est celle des injustices de l’humanité.Entre le pauvre de toutes les pauvretés et le nanti qui ne sait plus que faire de ses opulences ; un écart insupportable, indigne ! Oui, un crime contre l’humanité. Comme celui des enfants maltraités abîmés, mutilés,qui ne peuvent que survivre. Face à cela, on ne peut se contenter d’écrire. Agir, poser des actes. En 2020 je veux (ce n est pas qu’un vœu) en poser un en particulier.

La seconde est qu’exister c’est contribuer à rendre les gens heureux, bien-heureux.
Pour cela l’écoute, le sourire -ah le sourire luminosité vivante-, la présence, la joie sont essentiels.

Sais-tu que le bonheur-du-jour désigne un petit bureau souvent en bois précieux ; Il occupait une position prés d’une fenêtre éclairée par la lumière du jour. Le mien, en chêne, est grand, réalisé par mon père. Et sur ce bureau, j’ai en particulier un objet réalisé par mon grand père dans des tranchées lors de la guerre 14/18. Il y a aussi une aquarelle de moi faite par Ana. Ces trois objets concrétisent une présence intergénérationnelle qui ne cesse de m’inspirer.

Dans quelques jours, je serai au Mexique avec Ana qui y fêtera ses 22 ans. Un voyage qui sera dans de nombreux domaines intense. Le Mexique est devenu ma seconde patrie. Nous y avons des amis extra ordinaires.
La vie est un voyage colorée de voyages comme ceux que je fais ici ou comme lui du Mexique. Chaque voyage est un voyage intérieur.

Plus j’avance dans la vie, plus je suis lucide sur sa beauté, son unicité, sa tragédie aussi et son invitation à l’humanité, à la convivialité à la fraternité.
Mais je suis de plus en plus sensible au tragique de la vie. Comment ne pas écouter les désespoirs, les désespérances ?

Les sécurités sociales et personnelles semblent parfois déracinées par la
mondialisation, des usages de la technologie et nous l’oublions trop par une spiritualité insuffisante pour fonder et rendre vivante et conviviale l’humanité.

Si nous pouvons douter de notre capacité individuelle à contribuer aux apports macro, nous pouvons agir sur le micro et le méso.
Et le moment présent est à contextualiser dans le temps long.

Présentement, un optimiste de résistance m’habite.


Beau et singulier chemin faisant pour cette nouvelle année.

Michel Bernard. N° 7

01.2020

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