Chemin faisant n°4 – Les enjeux de l’Inter – Mars 2021


Chemin faisant / samedi, février 27th, 2021

Chemin faisant
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Dans un monde particulièrement complexe et incertain,

Les enjeux de l’INTER dont L’INTERCULTUREL

Alors que la pandémie du coronavirus se poursuit, nous vivons dans un monde particulièrement complexe et incertain. Là où le transhumanisme était considéré par certains comme notre avenir, l’espérance de vie recule et qui peut prétendre être en sécurité ?

Alors qu’un évènement extra-ordinaire vient de se dérouler sur Mars, nous vivons toujours dans un monde de guerres, de violences, de pauvretés, de corruptions, de rejets plus ou moins cachés de l’autre… Le vivre ensemble est toujours fragile et sollicite le renouveau de chaque génération.

Dès son origine, le collège international des seniors.Harmattan a des racines fortes. Revenons sur CINQ d’entre elles :
– Comme les éditions l’Harmattan, être au carrefour des cultures. Nous ajoutons : au carrefour des chemins de vie.
– Le thème du senior, nouvel actif du XXIe siècle est le thème du premier entretien. Désormais, avec un point d’interrogation, il y a en cours un ouvrage collectif.(1)
– « Les seniors et l’Europe » est le thème du troisième entretien. Il montre la vision internationale.
– Selon Paul Valery, «L’homme est action ou il n’est rien.» Nous reviendrons sur cette idée majeure.
– L’intergénérationnel est le thème du deuxième entretien conduit par Anne Michel à qui je rends hommage. Les enjeux de l’inter sont majeurs en particulier pour le collège. Très vite, j’ai proposé que l’on mette en permanence cette phrase : «Dans une perspective intergénérationnelle.» Oui, le collège s’inscrit pleinement dans ce mouvement.

Je vous invite à explorer brièvement le domaine de l’intergénérationnel en CINQ questions :

1- De quoi parlons-nous quand nous parlons de générations ?
D’un mot latin qui signifie «engendrer», «reproduction», il a le sens d’un groupe d’humains de même âge. Une génération : 30 ans ? 25 ans ?
Hier, trois générations, à ce jour quatre et nous pouvons dans une vie en connaître cinq voire six. C’est dire combien cette variété pour nous et ceux qui suivent renvoie à des contextes de vie divers, à des parcours de vie différents. Entre connaître la terre battue, l’absence d’électricité et l’exploration de la lune, le téléphone, l’ordinateur, un ciel non seulement d’étoiles, mais d’avions, de satellites, c’est impressionnant. Et cela en quelques décades. Dans notre famille et dans ce qui nous entoure, quelle variété, quelle hétérogénéité sans précédent de modes de vie !
Sans oublier les générations qui nous ont précédés et celles qui nous suivent.
Une génération est l’empreinte dans un temps donné, dans un lieu donné, tout au long de la vie.
Il convient de revenir au très beau libre de Margaret MEAD : Le fossé des générations, et d’y ajouter notre contribution anthropologique.

2- Inter, avez-vous dit ?
«Inter»… c’est-à-dire des ponts entre des rives différentes, mais complémentaires. Nous pouvons dire par exemple qu’il n’y a indépendance que dans l’interdépendance.
Je privilégie quatre inters :

  • Interrelationnel.
  • Intergénérationnel.
  • Interculturel.
  • International.

Ces quatre « inter » se relient, se croisent, se torsadent tant pour le personnel que pour le collectif.

3- Trois niveaux de réflexions et d’actions.
Le micro dans l’interrelationnel. Chacun a un champ spécifique.
Le méso: de notre famille, à notre quartier, notre commune ; c’est là que se trouvent aussi des associations comme le collège international.
Le macro : notre pays et l’international.
Si le collège est au niveau du méso, il est en connexion permanente avec le micro et le macro.
Arrêtons-nous sur un débat actuel. Un journaliste dit : « C’est la jeunesse qui compte, ce n’est plus les vieux! » Il ajoute : « La génération prédatrice du « toujours plus » née autour de 1950 devrait avoir honte. » Ainsi il accuse les 150 personnes signataires d’une tribune publiée sur le site de journal Le Monde en mai 2020.
Cette invective demande certes à être entendue. Mais ce n’est pas ainsi que l’on pose les problèmes et que l’on propose une résolution.
Le pacte intergénérationnel, né après la guerre n’est certes plus pertinent. En particulier, l’allongement de la vie (mais il va vers un certain recul) nous conduit à refonder un nouveau pacte intergénérationnel. Ce n’est pas seulement des questions de retraites, de dépendance à assumer, de santé. C’est un nouvel esprit pour une nouvelle solidarité, pour repenser et
pratiquer le parcours de vie en existant mieux. Cela avec le souci de ce qui est juste et d’une nouvelle éthique. Pour un vivre ensemble effectif, joyeux, lucide, créatif et avec humour (2).

4- Ne pas oublier l’intra.
Il n’ y a pas d’inter sans intra.
Ne pas oublier ce qui est à l’intérieur du monde des seniors. Cette séquence de vie qui va vers un tiers de la vie pose de nombreuses et délicates questions. Avec la pandémie et les fragilités prévisibles pour le XXIe siècle, l’espérance de vie ou reculera ou se stabilisera. De plus, il y a aussi l’espérance du bien vivre. Malgré les immenses progrès dans un pays comme la France, l’ensemble reste fragile. Sans oublier un départ en retraite plus tardif, ainsi que les fortes inégalités lors de la retraite.
C’est pourquoi, une instance comme le collège international des seniors.Harmattan ne peut oublier cela. À l’intérieur du collège, il y a à construire des solidarités, à concevoir un vivre ensemble.
Que d’actions concrètes à engager !

5- Quelles tensions ? Quelle éthique ?
Soyons conscients des tensions, de leurs origines et des réponses possibles ainsi que de tous les effets positifs et négatifs, voulus et non voulus.
Ainsi, entre jeunes et seniors. Osons la quête de vérité avec le risque inévitable d’erreurs. Faisons la différence entre LE politique, affaires de la cité, et LA politique, modalités pour traiter ces affaires.
Tenter de vivre contre l’autre sans l’autre est à terme un échec. C’est pourquoi de profondes remises en cause sont nécessaires. Et à tous les niveaux, une nouvelle éthique est à incarner dans le quotidien. Tous -et non seulement les seniors- nous avons là un chantier impressionnant, difficile, mais enthousiasmant. Ces frontières sont celles du monde.
Non seulement j’apprends de mes enfants et ils apprennent de moi, mais j’ai tant à apprendre de chacun dans le monde. Je pense par exemple aux contributions de nos amis africains sur l’intergénérationnel !
Valoriser l’art, ce mot qui signifie « façon d’exister ». Soyons attentifs à tous les arts y compris par exemple aux marionnettes dont il y a au collège un couple créateur et réalisateur.

Face à cela, quelles contributions du CIS.H ?
Inévitablement, le collège est pluriel de plusieurs façons. Il convient de toujours en tenir compte et de respecter les rythmes différents. Ni association d’intérêts particuliers, seulement (3) ni club, le collège est un regroupement de personnes volontaires voulant en référence à des
finalités partagées, travailler de façon variable à des objectifs convergents.
Pour cela, je n’ai cessé de le dire, et d’y travailler, un réseau de correspondants par départements, par régions et par pays est indispensable. J’ai formulé, y compris aux éditions l’Harmattan (4), en ce domaine des propositions concrètes. Je sais combien la tâche est difficile.

Ces deux rappels faits, quelles contributions? En voici SEPT comme exemples. Mais les possibilités sont très nombreuses. Toujours avec des volontaires du CIS.H ; et parfois en relation avec d’autres instances.

Études et recherches.
1. Recueillir des témoignages, écouter des seniors de tous les pays, de toutes les conditions. Nous avons tant à apprendre. Je pense à l’Amérique Latine, à l’Afrique que je connais et en plus de la France, de l’Europe sans oublier le reste du monde. Mais aussi tant de témoignages proches de nous. Je pense par exemple à Geneviève Callerot née en 1916. J’ai le bonheur de la connaître et d’avoir fait avec elle une émission radio. Elle apparait dans le récent et très beau témoignage sur France 2 : « Nous paysans ». Je pense à Edgar Morin, président d’honneur du collège qui aura en juillet 100 ans (5).
2. Je rêve d’un ouvrage: Senior, notre devenir. Réalisation avec des jeunes, et ouvrage aussi beau que ceux que réalisent les Éditions Hozoni. Photos et textes.
3. Il y a des analyses secondaires à engager y compris sur les nombreux ouvrages en ce domaine publiés par l’Harmattan. Il y a l’ouvrage en cours : Le senior, nouvel actif du XXIe siècle ?

Projets
4. Organiser des rencontres « Jeunes-Seniors ». Là, que de thèmes et de formes possibles !
5. Parrainer chaque année à l’Harmattan un prix pour de jeunes écrivains. Il peut s’exprimer en plusieurs domaines. Le nommer prix de l’Espoir ?

Actions.
L’homme est action ou il n’est rien
, nous dit Paul Valéry.
6. Je connais par exemple, des projets Afrique-France qui auraient pleinement leur place dans le collège.(6)
7. Selon moi, le collège est un lieu où la parole et l’écrit s’incarnent dans des actes. Immense champ de possibles avec ou sans autres associations.
La pandémie est à la fois obstacle, épreuve et espoir. Obstacle, car elle réduit fortement voire rend impossible les rencontres en face à face. Épreuve, car elle nous provoque pour proposer des preuves de notre résistance et de notre imagination. Espoir, car nous sommes conduits à risquer sur un devenir, à inventer tout en n’oubliant jamais ceux qui nous ont précédés.
Le courage est résistance à la peur, lucidité, et oser ce qui pour certains semble impossible, mais reste souhaitable. Toute la vie, tous les âges sont concernés. Là aussi, chaque génération invite des formes nouvelles de courage.
Pour cela, l’intergénérationnel est une voie majeure liée aux trois autres inter et à cet intra pour les enraciner.

Michel Bernard. Mars 2021
Fondateur et ancien président du CIS.H .
Directeur de la collection AURORA.
Concepteur et animateur de l’émission radio: Paroles d’écriture.

Notes
1- Le senior, nouvel actif du XXIe siècle ? Ouvrage en cours. Vous pouvez y participer ; avant le 15 juin 2021, grâce au mail du site.
2- Cf. article d’André Masson. Protection sociale et privée contre l’inflation inédite des vieux jours. Sa contribution met en valeur l’urgence de la solidarité entre générations ; ouvrage collectif (29 auteurs), L’Allongement de la vie, Éd. La découverte, 2017.
3- Que le collège fasse connaître les livres de ses adhérents est excellent. Mais il ne peut pas n’être que cela.
4- Note transmise à la direction des Éditions l’Harmattan. Dix propositions.
5- Je suis en relation régulière avec lui. Des projets en cours.
6- Avec plus de 35 000 auteurs et plus de 45 000livres, L’Harmattan, sur la montagne Sainte-Geneviève dans le Quartier latin, est une instance unique, incomparable. Elle porte des possibilités extraordinaires tant pour l’Afrique, la Francophonie et le Monde.

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