Artiser Septembre 2014, Otto DIX


Artiser / mercredi, septembre 3rd, 2014

Sylvia BEL

2014 est l’année anniversaire de la première Guerre Mondiale. J’ai axé ma recherche sur une œuvre qui globalise l’esprit du développement artistique de cette période sombre. J’ai trouvé un peintre représentatif et influent de cette période : Otto Dix.

Otto Dix (1891 – 1969)

Issu du monde ouvrier, c’est grâce à sa mère qu’Otto Dix s’ouvre à l’art. Après une formation particulière et une bourse d’études qui lui permet d’entrer à l’École des arts appliqués de Dresde en Allemagne, Otto Dix se lance dans la carrière de peintre. Il est résolument moderne et s’essaie au cubisme, au futurisme et, plus tard, au dadaïsme. Il fait la guerre comme mitrailleur et participe aux grandes batailles de Champagne, de la Somme, de Russie. Il restera très marqué par son vécu de la guerre.

Après la guerre, Otto Dix adhère au mouvement Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité). A partir de 1927, il enseigne les Beaux-Arts à Dresde.

En 1933, les nazis le chassent de son enseignement. Il est considéré comme « bolchevique de la culture ». Menacé de prison et de camp de concentration, Otto Dix se réfugie dans la discrétion dans le sud-ouest de l’Allemagne, puis du près du lac de Constance où il se consacre à la peinture de paysages.

En 1937, ses œuvres sont déclarées « dégénérées » par les nazis. Quelques 170 d’entre elles sont retirées des musées et une partie est brûlée ; d’autres sont montrées lors de l’exposition « Art dégénéré ».

En 1938, il est forcé de rejoindre la Chambre des Arts du ministère de la culture et doit promettre de ne pas critiquer le Reich dans ses œuvres. En 1939, il est faussement accusé de complot contre Hitler et est enfermé pendant deux semaines par la Gestapo.

Otto Dix participe « obligatoirement » à la Seconde Guerre mondiale où il sert sur le front occidental en 1944-1945. Il s’arrange pour se faire faire prisonnier en Alsace par les Français.

À la fin de la guerre et jusqu’à sa mort, Dix ne participe ni au réalisme socialiste de la République démocratique allemande, ni à l’art d’après-guerre dans la République fédérale d’Allemagne. Otto Dix meurt le 25 juillet 1969 près de son cher lac de Constance, des suites d’un infarctus.

Une œuvre d’Otto Dix : La Guerre d’Otto Dix

Conservée à la Gemäldegalderie Neue Meister de Dresde, peinte entre 1929 et 1932, La Guerre un triptyque, format courant au XIe et XIIe siècle pour les peintures religieuses.

Dans La Guerre, Otto Dix donne une image crue de la guerre pour témoigner de ce qu’elle fut en réalité, alors que, dans le même temps, pour des raisons politiques, la république de Weimar tend à exalter la guerre et ses « héros ». Le triptyque ne fut exposée que brièvement à Berlin pour l’exposition « Art dégénéré » avant qu’il ne soit caché des nazis qui auraient pu le détruire.

Les trois panneaux de La Guerre racontent une histoire. A gauche dans la brume du matin, les soldats partent au font. Au centre se déroule une grande bataille et sa jonchée de morts. A gauche, le soir, éclairé par des flammes en arrière-plan. Les lignes de construction et les formes du tableau rendent compte du projet de Dix : donner à voir le chaos et la désolation de la guerre. Les lignes de construction des panneaux de gauche et de droite sont principalement droites, celles du panneau centrale sont courbées et enchevêtrées. Les couleurs utilisées sont ternes : le gris et le noir pour les gravats, la mort et les cendres. On repère cependant des couleurs plus chaudes notamment le rouge et le marron pour le sang et la boue.

Panneau de gauche

Des soldats partent au front, on ne peut pas voir leurs visages, on ne peut pas savoir combien de soldats sont présents, ils disparaissent dans la brume, une armée sans visage et sans identité.

Panneau central

Une vision d’horreur : des cadavres à peine identifiables, des entrailles répandues dans la boue au premier plan des bâtiments écroulés ou brûlés. Un des cadavres, mort la main tendue que l’on imagine parti dans une souffrance atroce. Embroché au reste de la structure d’un bâtiment, on peut voir un squelette pointant d’un doigt accusateur le corps criblé de balles du cadavre de droite. On ne peut voir qu’un seul survivant portant un masque à gaz et une cape. Il se confond avec le chaos et est lui aussi privé de son humanité. Il n’a pas de visage et semble immobile. A l’arrière plan des ruines : restes de maisons écroulées ou calcinées, paysage désertique au sein duquel aucune trace de présence humaine ne subsiste, évocation des ravages causés par les bombardements

Panneau de droite 

Autoportrait d’Otto Dix en blessé. Le personnage d’Otto Dix ne porte pas d’uniforme et regarde le spectateur dans les yeux avec un regard quasi effrayant.

La Nouvelle Objectivité :

Mouvement artistique, apparu en Allemagne à la fin de la Première Guerre mondiale et qui s’est prolongé jusque dans les années 30, en réaction à l’Expressionnisme, au moment où celui-ci n’était plus guère contesté et gagnait même d’autres arts (cinéma, théâtre), c’est-à-dire entre 1918 et 1925.

Les historiens parlent au sujet de la Nouvelle Objectivité d’un post-expressionnisme, dont les catégories s’opposeraient point par point à celles de l’Expressionnisme : à la concentration psychologique, de portée universelle, de l’Expressionnisme antérieur à 1914, la Nouvelle Objectivité répond par une volonté d’investigation dans tous les domaines de la vie et à une époque capitale dans l’évolution politique et culturelle de l’Allemagne.

Parmi les principaux artistes de la Nouvelle Objectivité :Max Beckmann, Otto Dix, Georg Grosz, Alexandre Kanoldt, Georg Schrimpf.

La Nouvelle Objectivité se caractérise par un art du constat froidement objectif, où le rôle de la couleur est soumis à celui d’un dessin analytique. Des rapports nouveaux sont instaurés entre le ou les personnage(s), le paysage ou les objets. Les portraits et les autoportraits, fort nombreux, se caractérisent par la proximité inquiétante du modèle, saisi soit dans un espace raréfié (Beckmann : Autoportrait à la batte et à la trompette,1921, soit dans le lieu de son activité professionnelle (Dix : le Médecin, 1921. Une tentation classique apparaît dans les natures mortes, dont la disposition, parfaite, évoque çà et là le Purisme. Le paysage s’étend au monde de l’industrie. Très souvent le paysage est traité à la manière du Douanier Rousseau ou d’Utrillo (le Château d’eau de Radziwill, 1931). D’autres thèmes sont mis en scène— les amants, les joueurs de cartes, l’ouvrier —, donnant un panorama de la vie sentimentale et sociale des années 20.

Je sais aussi, que des artistes anonymes ont « artisé » de très beaux objets, ramenés de guerre ou ramassés ça et là dans les tranchées. Il m’a été conté l’exemple d’une canne, sculptée dans un morceau de bois, et qui a trouvé une autre destinée bien originale, la guerre laisse des traces………au delà des livres d’histoire.

Le 1er Septembre 2014

Sylvia BEL

https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=Ekesmaj-Y6Q

La Butte rouge est une chanson de Montéhus (1872-1952) sur une musique de Georges Krier (1872-1946), écrite après la Première Guerre mondiale, en 1923.

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