Cher ami,
Tu me dis que tu viendras l’an prochain au Colloque de Mouans Sartoux ; j’en suis très heureux. Le mot majeur sera TRANSMISSION. Un thème qui permet une belle réflexion.
Je devais aborder cette fois avec toi un entretien avec un habitant de Cabris. Je reporte cela. Car je désire te confier quelques réflexions sur mon dîner avec Edgar Morin. Il est venu à Mouans Sartoux pour le festival du livre en ce début octobre 2019.
Donc le vendredi 4 octobre à 19h20 je suis à son hôtel.On l’informe de ma
présence. Je le regarde descendre l’escalier .Mon sentiment : Quelle jeunesse ! Quelle souplesse ! Et sa barbe blanche le rajeunit, selon moi.
Longue accolade. Mots réciproques chaleureux. On vient nous chercher avec une deux chevaux pour aller dîner très simplement au château…avec d’autres auteurs présents pour le festival. La présence proche de MAREK HATLER nourrit une partie des échanges. Joyeux, Edgar me demande de lui verser du vin rouge venant de Correns. Nous levons nos verres en hommage au VIVANT. Le repas est un long et varié partage : Le Moyen Orient, la rencontre avec le pape, les femmes et le devenir du monde, son parcours, les enfants maltraités ou abandonnés (Alors Ces Mozart qu’on assassine de G Cesbron est évoqué, la Russie et sa culture, Hitler et Staline ; l’éducation , l’université… et tant d’autres sujets !
Un voyage dans le temps et l’espace.
Il répond à toutes mes questions.
Sa mémoire m’impressionne, sa vivacité est étonnante, sa présence est bouleversante. Son intelligence est aussi celle de son vécu, de ses interrogations, de ses émotions.
A Montpellier, l’université lui donne un bureau ; l’UNESCO a crée une chaire pour lui. Et il assure un séminaire.
Edgar vit comme s’il allait vivre éternellement. Son émerveillement, son esprit d’enfance, l’amour ne cessent de renouveler son énergie créatrice.
Nous regagnons son hôtel à pieds. Il s’appuie sur mon bras et dans la nuit répond à nouveau à mes questions. J’écoute ses confidences. Cet homme est la personne la plus chaleureuse, la plus extraordinaire, que j’ai rencontré à ce jour.
Arrivé à l’hôtel, il sort un papier sur lequel est écrit le code, le lit facilement sans lunettes.
Échange :
– Edgar cette soirée a été très agréable
– Pour moi aussi
– J’ai respecté ta demande. Pas d’entretien, pas de travail.
– J’apprécie. Ce soir convivialité et partage
– Je veux te redire combien autour de moi, les gens t’admirent. Tu es simplicité, intelligences plurielles et bonté. Tu les touches. Tu es en humanité.
Il me regarde. Ses yeux (ah ce regard !) et son sourire plus son accolade sont sa réponse.
– Avant de te quitter, rappel de ces deux projets : Nouvelles Humanités et un séminaire sans doute au Maroc en 2020 sur le Thème Edgar MORIN et, son œuvre pour le XXI siècle ; Surtout pour l’Afrique d’où de nombreuses demandes me parviennent.
Alors la réaction surgit de lui :
– Oui, oui t as mon accord total
– A ton retour du Maroc nous irons te voir à Montpellier.
– Oui très bien. J’en serai très heureux.
Dernière accolade. Edgar rentre ; Je regagne ma voiture.
D’où lui vient une telle jeunesse ? Une telle humanité ?
L’esprit d’enfance est en lui. Il ne cesse de découvrir, de s’émerveiller.
Et il y a aussi cette phrase d’Edgar : C’est l’amour qui stimule la curiosité.
Edgar, ce témoin du xx siècle et du début du xxi siècle .
Edgar, cet humain si lucide si en humanité. Et tant en simplicité et en présence.
Edgar, celui qui éclaire le présent et le futur sans oublier le passé.
Edgar, un phare sur le monde.
Ce soir je vis un moment unique
Je rentre bouleversé sous les étoiles. Ce cosmos aussi notre avenir pour quel devenir ?
Je te donne rendez vous en Novembre.
Avec mon amitié.
Michel
PS: Son dernier livre !
Les souvenirs viennent à ma rencontre.
Editions FAYARD. 2019. 762 P
Un ouvrage nécessaire pour travailler son œuvre.
De plus, quel beau titre !