Chemin faisant n°9- Octobre 2021


Chemin faisant / lundi, octobre 11th, 2021

Chemin faisant
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De la SÉCURITÉ et de l’AVENTURE

En ce début octobre, deux textes me conduisent à réfléchir au rapport entre sécurité et aventure.

L’un de Marcel Gauchet, un entretien dans Le Point.

L’autre un livre de Philippe PERROT: DEVENIR SOI-MÊME.

Un auteur très connu, l’autre moins, mais deux auteurs de qualité.

Deux approches, ce qui me conduit d’abord à un commentaire sur le langage et un autre sur notre propre pensée.

Tout d’abord, TOUJOURS être attentif au langage, à bien situer de quoi nous parlons, à bien contextualiser notre réflexion.

Dans cette perspective ne jamais oublier 1984 de Georges Orwell et ce commentaire de Louis Lavelle : « La corruption de la parole et de l’écriture est la marque de toutes les autres corruptions. »

Plus que jamais, devenir le philosophe de notre vie, de la vie. Pour cela, Pierre Jadot est un auteur précieux.

Pour Marcel Gauchet : « Sécurité ou aventure.» Dans le cadre d’une analyse de la France actuelle, ce diagnostic nous interroge. Il précise : « Macron nous épargne l’aventure. » Cette interrogation concerne en particulier le mot aventure… et aussi celui de sécurité. Le choix est-il binaire ? Le choix oppose-t-il ces deux aspects ? La problématique à privilégier peut- elle être ainsi formulée ? Et tout d’abord de 

quoi parlons – nous ?

Pour Philippe Perrot, Devenir soi-même et le sous-titre Introduction à une philosophie de l’aventure, il s’agit de la personne et le mot aventure prend un tout autre sens.

Pour lui, devenir soi-même implique un déracinement et l’accès à l’existence.

Tensions entre deux aspirations :

Ou aller de l’avant vers de nouvelles voies, de nouvelles frontières ce qui est la dimension aventureuse.

Ou s’implanter et se protéger, alors rien ne peut ébranler la situation et le soi installé.

Devenir soi-même implique le risque, l’audace de s’engager dans la découverte de soi. Exister, c’est oser, essayer de se fonder soi-même. Cela exige une éthique. Errance, défi, risque, incertitudes caractérisent alors son chemin faisant. 

Il y a certes précaution, protection, sécurité, mais refus d’une sur sécurité qui finit par rendre impossible l’aventure voire plus qui la dévalorise.

Devenir soi-même est une aventure.

Sous les mots, les choses poursuivent leur spécificité. Il y a un écart. Oser écouter le silence. S’ouvrir à des possibles inédits.

Si l’aventure est physique, elle est aussi un état d’esprit. L’aventure inaugure un autre chemin.(1)

Si le navigateur est une figure de l’aventure, chacun par le choix de son chemin faisant est concerné par l’aventure. Car affronter l’inconnu, aller vers l’autre, explorer son potentiel, s’ouvrir à l’indétermination de son être est aventure.

Ces deux textes sont importants. Je le relirai plusieurs fois pour m’en nourrir. Comme j’apprécierais pouvoir aussi échanger, dialoguer, débattre ! On dit que notre époque est celle de l’individu. Lequel?

-L’individu solitaire qui supplie de plus en plus de sécurité et ainsi renonce à l’aventure que quelques héros ne peuvent combler.

-L’individu solidaire qui ose l’aventure, voire peut-être pour aussi contribuer à refonder la société ?

Une nouvelle approche des trois niveaux : micro, méso, macro. Être toujours attentif à leur complexité.

Michel Bernard. Octobre 2021

PS

1-Lire aussi de Valdimir Jankélévitch l’ouvrage : L’aventure, l’ennui, le sérieux est intéressant. 

Pour l’auteur, l’aventure est une temporalité. C’est aussi une certaine façon pour la personne de se rapporter à l’avenir.

-J’apprécie dans un tout autre domaine le livre de Jean-Marie Guéhenno Le premier XXIe siècle, 2021, 359 p.

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