VIE et CHEMIN SPIRITUEL


Missive / mercredi, mars 5th, 2014

MISSIVE N°1 MARS 2014

Peut-on concevoir la vie comme chemin spirituel ?
Cette question a fait récemment l’objet d’un « débat », lors d’un café philosophique. Deux intervenants, dont un philosophe. Voici ma contribution à ce débat. Elle prend appui sur trois idées force :

­ Ne pas recourir à des philosophes ou des auteurs divers ;
­ Partir de mon vécu et de ce que je ressens autour de moi ;
­ Esquisser une contribution brève, mais ouverte.

Michel Bernard

Après avoir brièvement mis en valeur certaines caractéristiques de notre époque, je questionne les trois mots clefs et la question initiale .Alors, je propose l’esquisse d’une contribution.

1- Notre époque.
2- Trois mots clefs.
3- Questionner la question.
4- Contribution.

NOTRE ÉPOQUE, en France, se caractérise, il me semble, par au moins sept éléments :

  1. Un climat pessimiste marqué en particulier par la médiocrité croissante de la politique, la recherche d’une autre croissance, le recul de la France dans le monde. Tout se passe comme si après les Trente Glorieuses, une période peu glorieuse en apparence d’une durée inconnue envahissait tout.
  2. Une déliance de plus en plus étendue à tout et donc un individualisme croissant.
  3.  Un changement voire une mutation, une bifurcation profonde sans pouvoir les caractériser.
  4. Tant le grand soir que le paradis quittent la scène humaine.
  5. Des écarts croissants entre riches et pauvres avec l’érosion des classes dites moyennes.
  6. Un éveil et une conscientisation lente de la question du sens entre la vie et la mort.
  7. Un souci lent, mais profond du bien vivre, du beau, du temps, de l’essentiel, de l’invisible comme essentiel. Pour cela vivre mieux avec moins.

TROIS MOTS CLEFS

VIE : De la naissance à la mort, ce temps incertain de vie qui peut devenir sous vie, survie ou existence.

CHEMIN : Enfin ! Le projet s’ouvre au TRAJET (et non seulement à la trajectoire), à la TRAJECTANCE (MB) au CHEMIN FAISANT (Lire et relire le poème de MACHADO !)

Oui, ce chemin où nous produisons notre existence et notre œuvre.
Oui ce chemin, ce trajet pétri de projets, de réalisations.
Oui, ce chemin où confrontés à l’épreuve, nous sommes invités à donner la preuve de… que…
Oui, ce chemin où nous titubons, tombons, nous relevons, reculons parfois, avançons…
Oui, ce chemin parfois en zigzag où nous cherchons dans le brouillard le sens, le cap, la finalité.
Oui, ce chemin qui nous produit en le produisant.

SPIRITUEL : Au-delà des significations cumulées dans l’histoire, revenons au sens premier. Il est triple :

­ Latin impérial spiritalis ou spiritualis : propre à la respiration
­ Bas latin ecclésiastique : spirituel, immatériel
­ Latin classique spiritus : esprit

Richesse de ces origines : respiration et donc souffle… ce qui est au-delà et à travers le corporel, le matériel, le visible.
Cette triple origine est selon moi primordiale pour refonder le spirituel.

QUESTIONNER LA QUESTION
Il y a dans la question retenue trois notions :

­ Vie, comme finalité
­ Chemin, comme concrétisation, incarnation
­ Spirituel, comme dimension fondatrice

Voici un début de questionnement intégrant toujours ces trois notions.
­ Le spirituel est-il et comment une dimension fondatrice de la vie ?
­ Peut-on évacuer le spirituel comme caractéristique basique du chemin de la vie ?
­ En quoi et comment le chemin de la vie est-il spirituel ?
Je vous invite à continuer… disons jusqu’à dix questions, mais avec les trois notions à chaque fois.

CONTRIBUTION
Nous étant mis d’accord sur la définition de ces trois notions et plus précisément celle de spirituel, voici l’esquisse de ma contribution pour un débat où le spirituel ne peut se fondre dans des religions ou des spiritualités
Certains cherchent le matériel, le pouvoir, l’argent ou des éléments qui de fait, sous des formes variées, compensent le spirituel sans pour autant l’annuler.
D’autres confondent le spirituel avec une religion, une spiritualité ou une vision du monde. En ce domaine, il y a des religions, des spiritualités des visions… closes et d’autres, ouvertes.
D’autres font du spirituel la seule caractéristique du chemin et annulent de fait ce qui est incarné, corporel et charnel.
En ce qui me concerne

  • ­Le spirituel est une dimension fondatrice de la vie et de son chemin. Elle confère respiration, souffle et esprit à travers et au-delà le matériel, le corps, le charnel.
  • ­ L’au-delà et y croire ne sont pas nécessaires pour fonder le spirituel.
  • Je pense que le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas ; plus précisément, il refondera le spirituel ou ne sera pas.
  • ­ Le spirituel implique TOUJOURS un travail sur soi. Aucune forme en cela n’a le monopole.
  • ­Le spirituel est accompagné de valeurs de base… disons au moins sept ! Alors nous les découvrons ensemble ?
  • ­Le spirituel est complexe et intègre l’AMOUR, la CONNAISSANCE (différent du savoir), le POÉTIQUE et donc la BEAUTÉ. POUR CELA il est CRÉATIF et contribue à la CRÉATION DU MONDE ET DU COSMOS. En cela la rencontre de l’AUTRE, des autres est nécessaire.
  • ­Le spirituel est dans le temps et la durée à l’opposé de l’urgence ; il est inévitablement inachèvement.

Alors le débat est ouvert… avec l’ardente obligation d’une synthèse même partielle et provisoire.

MB, mars 2014, Version première

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